mercredi 29 janvier 2014

A méditer : une autre voie était possible, respectueuse des enjeux essentiels


L'université d'Artois crée un service d'appui pour prendre en charge l'Espé avant son transfert à la Comue en 2015
L'université d'Artois crée, de manière transitoire, un service de gestion et d'appui pour soutenir l'activité de l'Espé Lille Nord de France, qui a pris la place de l'IUFM, son ancienne école interne. « Notre établissement gère les moyens et les personnels pendant encore un an, même si l'Espé est déjà autonome sur le plan politique », résume Francis Marcoin, président de l'université, interrogé par AEF. En janvier 2015, la nouvelle école devra être entièrement gérée par la Comue. Elle va être dotée de huit postes administratifs et bénéficier de l'apport de sept enseignants-chercheurs supplémentaires. Elle dispose aussi d'un fonds de réserve de 9 millions d'euros, héritage de l'ancien IUFM.

« Comme il est apparu que l'Espé n'était pas en mesure d'assumer une pleine responsabilité de gestion dès cette année, nous avons décidé de créer un service de gestion et d'appui pour lui permettre de fonctionner de manière autonome », indique à AEF vendredi 17 janvier 2014 Francis Marcoin, président de l'université d'Artois. Nommé par les ministères de l'Enseignement supérieur et de l'Éducation nationale, le directeur de l'Espé, Patrick Pelayo, professeur à Lille-II, est mis à disposition de l'université d'Artois pendant cette année transitoire et dispose d'une délégation de signature.

Dans l'académie de Lille, l'Espé est portée par la Comue (communauté d'universités et d'établissements), les six universités de la région ayant décidé de porter ensemble « la question stratégique de la formation des maîtres » (AEF n°179662). « Après être parti de très loin début 2013, la Comue a réussi le tour de force de mettre en place une Espé relativement sereine alors que ses moyens et ses personnels dépendent encore de l'université d'Artois », indique à AEF jeudi 23 janvier 2014 Patrick Pelayo. La nouvelle école compte près de 4 200 inscrits et emploie plus de 350 ETP - 190 personnels Biatss et 187 enseignants, issus de l'ancien IUFM. Son conseil d'orientation scientifique et pédagogique tiendra sa première séance le 30 janvier.

UN ACCORD ENTRE LES SIX UNIVERSITÉS DE LA RÉGION

La constitution d'un service de gestion et d'appui a permis de mettre à plat les moyens transférés par l'Artois à son ancienne école interne, après discussion approfondie entre les six présidents d'universités publiques de la région. « Nous sommes arrivés à un accord parce que l'université d'Artois n'a pas été trop rigide dans sa façon d'aborder le dossier, mais aussi parce que ses partenaires n'ont pas exigé des choses déraisonnables », estime Francis Marcoin. « La discussion a été très serrée sur les postes et le budget mais tout le monde y a mis du sien et Philippe Rollet, président de la communauté d'université, a réussi à trouver un consensus », confirme Patrick Pelayo.

La gestion par l'université d'Artois des moyens affectés à la formation des enseignants a suscité de multiples polémiques au cours des dernières années, l'établissement étant même accusé de puiser dans ces moyens pour passer le cap des RCE en 2011 (AEF n°142598).

Les arbitrages ont dû prendre en compte la hausse du nombre d'inscrits à l'Espé (+ 28 % par rapport à l'ancien IUFM), qui s'est traduite par une augmentation de la charge d'enseignement, malgré les économies induites par la réduction du volume horaire des formations. « L'université d'Artois a fait l'effort d'assumer seule cette hausse de 8 000 heures complémentaires », souligne Patrick Pelayo.

UN FONDS DE RÉSERVE DE 9 MILLIONS D'EUROS

En 2014, le budget de l'Espé s'élève à 5,1 millions d'euros (hors masse salariale). Les moyens transférés par l'université d'Artois pour l'année 2014 correspondent à un montant de 2,4 millions d'euros. Les recettes propres (droits d'inscription) comptent pour 2 millions d'euros. L'Espé dispose d'un fonds de réserve de 9 millions d'euros, héritage de l'ancien IUFM : elle y prélève 670 000 euros cette année. « Nous allons nous appuyer sur ce fonds de réserve pour développer la recherche et l'innovation pédagogique, en mettant en place un plan pluriannuel d'investissements », annonce Patrick Pelayo.

Cependant, ce budget de 5,1 millions d'euros ne représente pas à lui seul le coût de la formation des enseignants dans le Nord-Pas-de-Calais. En effet, cette somme ne prend en compte ni le financement par les universités d'une grande partie de la formation des PLC (professeurs des lycées et collèges), ni la mise à disposition de personnels par le rectorat (notamment les inspecteurs). « D'ici trois ou quatre ans, l'Espé devrait gérer, via la communauté d'universités, une dotation globale et redistribuer des moyens aux établissements en fonction de leur participation à la formation », espère Patrick Pelayo.

DES RECRUTEMENTS PRÉVUS D'ICI 2015


La Comue doit maintenant se doter de l'encadrement suffisant pour gérer l'Espé dès le 1er janvier 2015. « Pour équiper la Comue en personnels administratifs, il a fallu trouver un compromis : l'université d'Artois a accepté de reverser quatre postes, tandis que l'Espé mettra à disposition quatre postes administratifs, en plus de redéploiements », indique Patrick Pelayo.

En outre, les six présidents d'universités se sont mis d'accord pour lancer le recrutement de sept enseignants-chercheurs (professeurs et maîtres de conférences) qui seront affectés à l'Espé mais rattachés à des laboratoires dans leurs établissements. « L'Espé n'a pas vocation à créer sa propre équipe de recherche, cela n'aurait pas de sens », commente Patrick Pelayo. « En revanche, nous avons la volonté de créer une synergie entre les forces académiques de la région ». Des « assises de la recherche en éducation et formation » vont être organisées le 11 avril par l'Espé.


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